Une surveillance renforcée a été mise en place par le réseau français d’addictovigilance à la suite du premier confinement lié au coronavirus disease 2019 (COVID-19), en raison du risque d’augmentation des surdoses, notamment avec la méthadone. Dans ce contexte, une étude a été mise en place pour décrire les surdoses liées à la méthadone en 2020 au regard de l’année 2019.
Les surdoses liées à la méthadone ont été analysées selon deux sources :
- Le dispositif DRAMES (décès avec analyses toxicologiques) ;
- La base nationale de pharmacovigilance (BNPV) pour les surdoses non fatales.
D’après les données DRAMES, la méthadone est toujours la première substance impliquée dans les décès en 2020 avec une augmentation des décès : en nombre (n = 230 en 2020 versus n = 178 en 2019), en proportion (41 % versus 35 %) et en nombre de décès pour 1000 sujets exposés (3,4 versus 2,8). D’après la BNPV, le nombre de surdoses a augmenté en 2020 par rapport à 2019 (98 versus 79 ; soit multiplié par 1,2) en particulier durant certaines périodes cibles : premier confinement, déconfinement/période estivale et deuxième confinement. En 2020, le nombre le plus important de surdoses a été observé en avril (n = 15) et mai (n = 15). Les surdoses sont survenues chez des consommateurs de méthadone dans le cadre d’un protocole de soins ou en dehors (sujets naïfs/consommateurs occasionnels ayant obtenu la méthadone via le marché de rue ou l’entourage). Les surdoses résultent de différents facteurs : surconsommation, poly consommation avec d’autres dépresseurs ou cocaïne, injection, consommation à des fins sédatives, récréatives ou intoxication médicamenteuse volontaire.
L’ensemble de ces données montre une augmentation de la morbi-mortalité liée à la méthadone pendant l’épidémie de COVID-19 en 2020. Ce phénomène a été également constaté dans d’autres pays.