Les résultats de l’enquête ESSPRI témoignent d’une exposition importante aux substances psychoactives chez les détenus hommes majeurs en France hexagonale, toutes durées de peine confondues, quel que soit le type d’établissement et le statut pénal (en attente de jugement ou condamné).
Des consommations antérieures à l’incarcération
Une grande majorité des détenus qui ont consommé des substances psychoactives en détention déclaraient déjà des consommations importantes avant leur incarcération. Les substances psychoactives en prison les plus consommées quotidiennement sont, par ordre décroissant, le tabac, le cannabis et l’alcool, alors qu’il s’agit du tabac, de l’alcool et du cannabis dans la population générale. Il en résulte une polyconsommation tabac-cannabis très répandue et une polyconsommation tabac-alcool quasi inexistante, contrairement à ce qui est observé en population générale.
La question d’une adaptation des politiques sanitaires
Les résultats interrogent une éventuelle adaptation des politiques sanitaires en matière de prévention et de traitement des addictions à la réalité des consommations observées. La prédominance de la consommation de tabac, première cause de mortalité évitable chez les adultes, invite à intensifier les actions déjà menées en prison. Si la question des pratiques de consommation à risque comme l’injection reste présente, elle est probablement moins prégnante qu’elle ne l’était au milieu des années 1980. La prévalence très élevée de l’usage quotidien du cannabis en prison nécessite de renforcer les actions de prise en charge thérapeutique de la dépendance à cette substance.