En 2023, la détection pour la première fois en France de l’isotonitazène, un analgésique opioïde de synthèse qui serait environ cinq fois plus puissant que le fentanyl et par conséquent associé à des risques de surdoses très importants constitue un fait marquant. Le produit était vendu à Montpellier le plus souvent sous l’appellation « héroïne chinoise ». Au total, neuf signalements de surdose, dont un décès, ont été recensés à Montpellier en 2023. Le système d’alerte nationale a été déclenché. Localement, les structures de l’addictologie se sont coordonnées afin d’informer les usagers. Ces derniers ont adopté des stratégies de consommation spécifiques visant à réduire les risques de surdose : consommation à dose infime – micro-pointe – ou coupe avec de l’héroïne « classique ». Les CAARUD ont largement distribué des kits de naloxone. En juin 2023, la circulation du produit n’est plus rapportée par les usagers et la distribution de naloxone a retrouvé sa fréquence habituelle. Par la suite, le protonizatène, isomère de l’isotonitazène a été détecté à Lyon et sur l’île de la Réunion.
Concernant les trafics, le recours à la livraison depuis des applications numériques se poursuit. Les clients passent commande via des comptes sur des réseaux sociaux et se font livrer à domicile ou se rendent sur des lieux dont la localisation change et/ou qualifiés de « discrets » afin d’échapper aux forces de l’ordre. Le profil des livreurs se diversifie. Il peut concerner des personnes occupant en parallèle un emploi légal ou des étudiants, notamment des femmes. Cette diversification semble favorisée par le recrutement depuis les applications numériques servant également à l’achat.
L’offre de cocaïne reste abondante et la vente en faible quantité (dix, voire cinq euros) est attestée notamment pour les usagers les plus précaires. Il n’a pas été observé de marché structuré de « cailloux » de cocaïne basée dans les trois villes investiguées. Néanmoins, l’augmentation du nombre de kits base distribués par les CAARUD se poursuit en 2022 (les rapports d’activités ne peuvent être mobilisés qu’en n-2) malgré le moindre nombre de répondants (14 en 2022 contre 16 en 2021) et les restrictions de distribution parfois pratiquées par les équipes. Les CAARUD de Montpellier et Perpignan décrivent une hausse importante de distribution de kits base en 2023 malgré la continuité des pratiques de restriction mentionnées en 2022. Les usagers décrivent la « galère » que représente l’usage de cocaïne basée et les stratégies mises en place pour le réguler. En 2023, les équipes d’addictologie des centres hospitaliers rapportent la demande croissante de soin liée à la cocaïne, notamment dans sa forme basée.
Concernant l’accompagnement des usagers les plus précaires, on note un renforcement des actions de RdRD. Un CAARUD a ouvert une antenne à Perpignan dans un quartier prioritaire de la ville afin de favoriser l’accès des usagers à leurs services pour ceux qui ne se rendent pas au local situé en périphérie du centre-ville.
À Toulouse, l’organisation d’événements festifs en warehouse hors cadre légal, phénomène apparu pendant le confinement, a tendance à disparaitre malgré le maintien de quelques soirées emblématiques. La plupart des soirées sont désormais organisées en périphérie de la ville dans des salles privées louées pour l’occasion. Elles sont payantes et leur communication s’effectue par les réseaux sociaux.
Parmi les produits consommés dans les espaces festifs, la « 3 » (cathinone) se diffuse davantage dans la diversité des milieux festifs, notamment en free-party. Pour certains usagers, elle remplace la cocaïne en raison de son prix (deux fois moins cher) et de son effet stimulant analogue. Toutefois, sa composition réelle n’est pas toujours connue avec des tromperies mises en évidence par les analyses SINTES qui font suite au classement de la 3-MMC comme stupéfiant au Pays-Bas fin 2021.
