Tendances récentes et nouvelles drogues sur Toulouse - Rapport des résultats de 2017 - OFDT (2018)

Tendances récentes et nouvelles drogues (TREND) est un dispositif d’observation et de veille qui recueille et analyse des données afin de documenter qualitativement les évolutions en matière d’usages de produits psychoactifs en France, en se focalisant sur des populations consommatrices.

LES PHENOMENES MARQUANTS EN 2017 :

Héroïne, le retour contextuel ou durable ? Entre 2015 et 2017 à Toulouse, l’héroïne a gagné en accessibilité avec l’émergence de nouveaux points de vente, touchant même des populations non-initiées, favorisant des modes de consommation alternatifs à l’injection, malgré son prix stable. La consommation d’héroïne à Toulouse implique trois profils : des usagers dépendants occasionnels, des consommateurs âgés axés sur l’héroïne sans substituts, et des utilisateurs festifs pour qui l’héroïne est récréative, reflétant une diversité d’usages entre opportunité et plaisir. Ce rapport évoque la création d’un point de vente au quartier de la Gloire, repéré par les usagers et par les services d’application de la loi. Il fait également le point sur la qualité de l’héroïne en circulations dans Toulouse : des produits peu concentrés dans les points de vente, mais des saisies en provenance de Lille peuvent atteindre jusqu’à 50%, tandis que les produits conditionnés pour la consommation restent généralement autour de 10-15%. Un médecin addictologue indique que cette accessibilité forte à l’héroïne a provoqué des rechutes chez des patients sous traitement de substitution (TSO), occasionnant des complications médicales pour certains.

LES LIGNES DE FORCE TOUJOURS EN VIGUEUR :

Cannabis, phénomène majeur, phénomène de masse : ce rapport TREND expose la disponibilité élevée du cannabis à Toulouse, avec une accessibilité facilitée et une prédominance de résine et d’herbe. Le trafic est associé à des quartiers prioritaires, avec des stratégies marketing agressives. Les saisies sont importantes, mais le trafic persiste, impliquant autant trafiquants que consommateurs. Malgré des prix stables et une concentration élevée en THC, l’accès aux soins pour les usagers problématiques reste limité, avec une conscience réduite des risques chez certains consommateurs.

Cocaïne : le crack au centre d’un processus addictogène puissant : l’étude menée par les équipes du CREAI-ORS et de l’OFDT montrent une augmentation de la disponibilité de la cocaïne, touchant divers publics. L’utilisation du crack gagne du terrain, impactant les consommateurs et leurs perceptions. Les modalités de trafic restent multiples, avec une importation notable depuis la Guyane et l’Espagne.

Médicaments opioïdes (Skénan®, Subutex®, Méthadone) : À Toulouse, le Skénan® devient un opioïde majeur, mais difficilement accessible. Le Subutex® reste présent, mais moins évoqué. La méthadone est utilisée dans le traitement, mais certains la recherchent dans des circuits de rue, avec des pratiques d’injection complexes.

AUTRES POINTS DE VIGILANCE : 

MDMA/Ecstasy, des usages réservés aux milieux festifs électroniques : La MDMA, privilégiée sous forme de comprimés dosés, domine dans les milieux festifs électro à Toulouse, planifiée pour les sets des DJs. Cependant, sa perception inoffensive nécessite une sensibilisation aux risques associés, notamment lorsqu’elle est combinée à l’alcool.

Kétamine : elle gagne en disponibilité dans les milieux festifs, suscitant des expériences chez divers consommateurs, mais reste absente des données urbaines et médicales.

Amphétamines/Speed : La consommation de speed à Toulouse reste peu décrite, intégrée dans des polyconsommations avec la cocaïne, tandis que les intervenants de réduction des risques peinent à détailler ce phénomène, contrastant avec les discours prédominants sur la cocaïne malgré une consommation moindre dans les faits.

Médicaments psychotropes : L’usage de benzodiazépines comme le zolpidem, le diazépam et l’oxazépam est observé dans les populations précaires urbaines ainsi que dans certains milieux festifs, tandis qu’aucune donnée probante n’émerge sur la Ritaline (méthylphénidate).

Auteur
Guillaume SUDERIE
Source
OFDT

Addictions avec substances
Cannabis, Cocaïne, Héroïne, Skenan, Amphétamine, Ecstasy / MDMA, Kétamine, MSO / TSO
Mots-clés
TREND

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