INTRODUCTION : La cigarette électronique connaît un fort engouement chez les fumeurs. Le principe de précaution prévaut encore mais son efficacité dans le sevrage tabagique est intéressante et les autorités sanitaires déclarent qu’il vaut mieux vapoter que fumer. Ce nouvel outil de sevrage est en vente libre, sans qu’aucun conseil médical ne soit obligatoirement délivré, ce qui pourrait engendrer une diminution du taux de dépistage par le médecin généraliste des co-addictions, plus souvent associées, chez les tabagiques.
OBJECTIF : Il paraît important de savoir quelle est la prévalence de ces co-addictions chez les vapoteurs et quelle est la place du conseil médical de la cigarette électronique.
MATERIEL ET METHODE : Cette étude observationnelle descriptive transversale à été réalisée à l’aide d’un questionnaire mis en ligne, auprès de 248 personnes. 222 répondants ont été inclus car actuellement vapoteurs. L’évaluation de chaque dépendance s’appuie sur des tests validés.
RESULTATS : Chez les vapoteurs, la prévalence des dépendances à l’alcool et au cannabis apparaît nettement supérieure à celle de la population générale. Les hommes ont statistiquement plus de risques de dépendance que les femmes, les jeunes étant plus souvent concernés par le cannabis et les plus âgés par l’alcool. Les dépendances aux benzodiazépines et aux jeux d’argent restent quant à elles marginales, sans sex-ratio identifié. 15% des sujets continuent à fumer du tabac sous cigarette électronique. Le taux d’expérimentation d’autres substances psychoactives est également bien supérieur aux taux d’expérimentation habituellement retrouvés en population générale.
CONCLUSION : La cigarette électronique, bien que principalement utilisée pour le sevrage tabagique, n’est perçue comme un outil thérapeutique que par une faible proportion des vapoteurs et, en conséquence, peu d’entre eux attendaient un conseil médical avant de se la procurer mais se tournaient plus vers des conseils techniques. De plus, seulement 12% des vapoteurs ont demandé conseil à leur médecin avant de commencer à l’utiliser. Pourtant, il apparaît que la qualité du conseil reçu est meilleure lorsqu’elle provient d’un médecin que lorsqu’elle provient d’un vendeur. Par ailleurs, le médecin traitant se révèle être la personne avec qui l’on parle le plus facilement de ses addictions pour une majorité de personnes. Il est dommage que ce dernier n’ait abordé le sujet des addictions que chez la moitié des personnes interrogées. Il paraît donc important que les médecins généralistes apprivoisent la cigarette électronique afin de dépister les nombreuses co-addictions associées et de profiter de ce sujet, facile d’abord pour délivrer un conseil minimal plus vaste en addictologie.