INTRODUCTION : Le bromazépam (Lexomil), anxiolytique le plus répandu dans la population gitane du quartier Saint-Jacques de Perpignan, est consommé de façon inadaptée et surprescrit par les médecins concernés. Ce phénomène est alarmant, les benzodiazépines ayant des conséquences sur la santé (troubles de mémoire, dépendance).
OBJECTIFS : L’objectif principal de notre étude était d’analyser les déterminants de la surconsommation de Lexomil dans cette population gitane. Les objectifs secondaires étaient d’analyser ceux de sa surprescription, et de repérer des axes pour un changement des pratiques.
MATERIEL ET METHODE : Nous avons réalisé une étude qualitative par des entretiens semi-dirigés de patients Gitans du quartier, et par un focus group de médecins les plus concernés par cette patientèle. Les verbatims enregistrés ont été analysés par méthode thématique.
RESULTATS : 12 patients ont été interrogés. 4 médecins ont participé au focus group. Les patients parlent d’un environnement pesant et d’une souffrance psychique. Le Lexomil répond instantanément à leurs besoins. Conscients des effets indésirables, ils décrivent une réelle addiction à ce produit. Le trafic créé permet de vaincre l’ennui et sert de monnaie d’échange. La population, ancrée dans ses croyances, est persuadée de la toute-puissance du médicament. L’éducation thérapeutique étant chronophage, les médecins, impuissants, se résignent. Les lobbies pharmaceutiques ont participé à rendre cette image de Lexomil vedette dans le quartier. Une prise de conscience de la situation par les Gitans semble essentielle pour amorcer un changement.
CONCLUSION : Il s’agit du sevrage de toute une communauté ambivalente face au Lexomil. Une participation collective et l’amélioration des conditions de vie semblent indispensables pour endiguer ce problème. Pour le moment, « le Lexomil a encore de beaux jours devant lui ».