INTRODUCTION : Une étude parue en 2020 montre que huit français sur dix ont consulté un médecin généraliste au cours de l’année précédente. Parmi eux, 36,7% déclarent que l’usage du tabac a été abordé en consultation et 16,8% ont parlé de leur consommation d’alcool avec le praticien. Ces évocations se sont faites trois fois plus à l’initiative du médecin, que du patient. L’objectif principal de notre étude était de recenser les différents freins ressentis par les patients souffrant d’une addiction à mentionner leurs consommations auprès de leur médecin traitant. Dans un deuxième temps, nous avons tenté de faire émerger des leviers à actionner pour rendre cette évocation plus simple en médecine de ville.
MATERIEL ET METHODES : Un total de onze patients recrutés en cabinet de médecine générale ou au sein d’un CSAPA ont été interrogés entre le 1e mars 2022 et le 30 septembre 2022 lors d’entretiens semi-directifs. Leurs verbatims ont été analysés sur le modèle de la théorisation ancrée.
RESULTATS : Il a été montré qu’il existe des freins à l’évocation du sujet des addictions par le patient avec le médecin généraliste. Les entraves à cette mention peuvent être directement liées aux caractéristiques de la dépendance comme le déni de la maladie, la stigmatisation des personnes dépendantes et la gêne qui en découle, ou être plus générale comme un manque d’information sur les conséquences néfastes des consommations, ou la crainte des soignants. Parfois le médecin généraliste n’est pas le professionnel privilégié par le patient souhaitant échanger autour de l’addiction. Certaines pistes d’améliorations existent telles que l’abord du sujet en premier lieu par le médecin, une information plus large du public autour de la thématique des addictions, le perfectionnement des compétences relationnelles des professionnels de santé, une amélioration de la formation des médecins avec exercice des techniques de repérage ou la généralisation des réseaux d’addictologie.
CONCLUSION : La prise en charge des patients présentant des conduites addictives reste un véritable problème de santé publique en France, mais les actions visant à faciliter la communication patient-médecin semblent se multiplier à l’instar de l’évolution de la formation des futurs médecins ou la diversification des acteurs de santé œuvrant dans le domaine de l’addictologie.