INTRODUCTION : Utilisant une technique de scénarios, cette étude a exploré et cartographié les positions des français de manière détaillée concernant les politiques de contrôle du tabac, de l’alcool et des jeux de hasard et d’argent.
MATERIEL ET METHODE : Un échantillon de 344 adultes (dont des professionnels de santé et des juristes) a jugé de l’acceptabilité des politiques de contrôle présentées dans 54 vignettes. Chacune d’entre elles vise une politique de contrôle relative à une consommation potentiellement addictive (tabac, alcool ou jeu d’argent), comprenant des mesures de prévention, de réglementation et des sanctions.
RESULTATS : Grâce à l’analyse typologique, huit positions qualitativement différentes ont été trouvées. Elles se présentent sur un continuum allant du rejet total de toute politique de contrôle ou de réglementation faible, à une forte réglementation et des sanctions sévères. Ces huit positions sont : jamais acceptable (9 %), réglementation faible ou modérée (5 %), réglementation modérée associée à une forte prévention (11 %), réglementation modérée ou forte (11 %), réglementation forte associée à une forte prévention (23 %), sanctions modérées (9 %), sanctions sévères (9 %) et toujours favorable (9 %). Certains participants (14 %) ont été qualifiés d’« indécis ». Ces positions ont été associées avec les caractéristiques sociodémographiques des participants, leurs opinions politiques et leurs habitudes de consommation de produits potentiellement addictifs.
CONCLUSION : Cette étude confirme que ces pratiques, fumer, boire de l’alcool et jouer de l’argent, ne sont plus considérées comme privées mais sont bien perçues comme des problèmes publics. Elles sont envisagées comme relevant de choix de société, ayant des incidences sur l’ordre social. Une majorité de participants est d’accord avec la politique de contrôle française actuelle. Le type préféré de politique de contrôle varie en fonction du produit considéré et selon le comportement de consommation du répondant (ex : plus le répondant est consommateur de produit addictif, moins il est favorable à une politique de contrôle fort). L’analyse des résultats donne à voir une convergence de traitement de ces consommations. Tous les participants sont favorables à la prévention, quel que soit le produit considéré. En général, les participants ont légitimé des mesures de réglementation forte, et plus particulièrement pour les jeux de hasard et d’argent, ainsi qu’une politique de sanctions sévères pour l’alcool.