En 2022, concernant les trafics, le volume des saisies de produits stupéfiants par les services d’application de la loi est en augmentation. Certaines de ces saisies concernent notamment des produits plus rarement interceptés, comme la kétamine, des cathinones et une héroïne à points noirs dite « cookie », proposée par un réseau de vente toulousain. L’offre de résines concentrées en THC se maintient, avec des prix qui semblent diminuer. Elle intéresse des consommateurs en recherche d’effets puissants. La livraison de drogues, qui s’était beaucoup développée les années passées, notamment depuis les confinements de 2020, continue d’améliorer son fonctionnement. L’usage des applications par les réseaux de vente dissimule mieux leur activité envers les services d’application de la loi et rend plus efficace les processus de commande. Des achats d’importantes quantités (plusieurs centaines de grammes) peuvent être effectués. Pour la première fois, la disponibilité d’héroïne en livraison sur un compte proposant d’autres produits a été repérée.
Parmi les phénomènes marquants de l’espace de la marginalité urbaine, figure la diffusion d’usages de prégabaline (Lyrica®), notamment chez des jeunes dans des situations de précarité sur le plan social et de la santé mentale. Malgré des dépendances et parfois des dommages sanitaires liés à cette consommation, ils sont peu accompagnés par des professionnels du champ de l’addictologie. Sur l’initiative d’un médecin, le réseau régional des professionnels de l’addictologie 2PAO aide à structurer un protocole de soin commun, notamment sur le plan de la prescription de Lyrica®, pour qu’une offre d’accompagnement soutenante soit disponible dans l’ensemble de la région. Un autre phénomène marquant, déjà observé les années antérieures, est la croissance des usages de cocaïne basée1 dont des indices sont la hausse des consommateurs dans les files actives de CAARUD et l’augmentation de la distribution de matériel de réduction des risques et des dommages (RdRD) destiné à inhaler, malgré la mise en place par certaines structures de quotas de distribution. Cette augmentation est favorisée par la diminution observée des prix de la cocaïne, à 50 euros le gramme, et par la diminution des unités de vente. Des offres structurées permettant l’achat de 10 euros de produit existent à Perpignan et à Montpellier. Des conséquences délétères des dépendances à la cocaïne et au crack sont aussi relevées. Les prises en charges sanitaires liées à l’usage de cocaïne augmentent et les situations sociosanitaires de certains usagers, déjà dans des situations très précaires, se dégradent rapidement dans un quotidien rythmé par les va-et-vient entre prises, achats de produits et démarches pour réunir de l’argent.
Cette année, l’espace festif a été marqué par la reprise des événements légaux sans contrainte sanitaire. Toutefois, l’organisation d’événements illégaux reste très prisée. Ainsi, des soirées illégales se sont poursuivies à Toulouse tout au long de l’année : les soirées « warehouse ». Ces événements mêlent les codes du milieu illégal (temps au-delà des horaires règlementaires, absence de contrôle des consommations de produits psychoactifs qui deviennent donc plus importantes) mais aussi ceux du monde des clubs (entrée payante, communication via les réseaux sociaux). Parmi les produits associés au milieu festif, la kétamine poursuit sa diffusion. Son prix a tendance à baisser de 40 à 30 euros le gramme. La « 3 » (pour 3-MMC ou 3-CMC) continue de circuler avec des incertitudes et parfois des tromperies avérées sur la composition du produit. Apparaît à la vente le « tucibi », dont la dénomination créée des questionnements sur sa composition. Enfin, la structuration régionale des interventions de réduction des risques et des dommages en milieux festifs se poursuit, et débute un travail d’articulation des différents dispositifs d’analyse des produits.