INTRODUCTION : Certaines personnes falsifient des ordonnances afin d’obtenir des médicaments de prescription médicale obligatoire sans avoir eu de consultation avec un professionnel de santé habilité à prescrire des médicaments. Il s’agit d’un comportement frauduleux puni par la loi, pouvant s’inscrire dans le contexte d’une problématique de troubles de l’usage des médicaments concernés. Le pharmacien possède un rôle important dans la détection des ordonnances falsifiées.

MATERIEL : L’enquête OSIAP (Ordonnances Suspectes Indicateur d’Abus Possible) du réseau français d’Addictovigilance enregistre à l’échelle nationale l’ensemble des ordonnances suspectes de falsification repérées par les pharmaciens d’officine.

OBJECTIF : L’objectif de cette thèse était de décrire les ordonnances enregistrées dans l’enquête OSIAP entre 2001 et 2020 mentionnant à la fois un médicament gabapentinoïde (la prégabaline) et un médicament opioïde et/ou une benzodiazépine (ou substances apparentées).

RESULTATS : Au total, 377 OSIAP d’intérêt ont été identifiées. Elles étaient majoritairement simples, présentées par des hommes âgés de 36 ans en moyenne, non connus de la pharmacie et mentionnaient, outre la prégabaline, le tramadol, le clonazépam, le diazépam, ou le clorazépate dipotassique.

CONCLUSION : Les risques sanitaires associés à l’utilisation concomitante de ces médicaments avec la prégabaline sont réels, avec une augmentation des complications morbides (comas, détresses respiratoires notamment) et des décès par surdosage. Il faudra évaluer, lors des prochaines éditions de l’enquête OSIAP, l’impact des modifications des conditions de prescription et de délivrance des médicaments gabapentinoïdes mises en œuvre en 2021 sur les caractéristiques des ordonnances mentionnant ces médicaments avec des opioïdes ou des benzodiazépines et substances apparentées.